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CHIC, mon blog

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Textes et poèmes


L'amour c'est comme les cigarettes

Publié par Florence Marthe sur 22 Juin 2013, 13:10pm

Catégories : #Textes

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L'amour c'est comme le tabac, on fume sans faire attention et puis un jour, quand le manque se fait sentir, on frappe à la porte du voisin ou de la voisine, pour quémander une cigarette, ou un coup vite fait, avec le vague espoir qu'il sera aussi bien fait que rapide. L'avantage d'une cigarette toute bête étant qu'on sait ce qu'on aura. Sauf si on vous offre une menthol, là c'est comme un orgasme raté, voire inexistant, bref un truc pas cool, mais heureusement on est rarement déçu avec une clope.

 

Clémentine en est là de ses pensées quand on frappe à la porte. C'est le voisin, justement, qui vient lui demander si elle n'a pas une cigarette pour le dépanner. Clémentine, surprise de la coïncidence de ses pensées venant ainsi s'encastrer dans le réel, regarde le gars d'une manière bizarre, se méfie, ne le laisse pas entrer et va chercher une clope pour ce voisin indiscret (c'est vrai, on ne lit pas dans les pensées des gens comme ça, ça ne se fait pas...). Pas spécialement beau gosse, mais pas laid non plus, le voisin est assez grand, dans les un mètre quatre vingt cinq, cheveux genre blond vénitien, les yeux marrons en amande, expressifs et rieurs, pas mal balancé, sympathique..., bref un type  qui ferait craquer pas mal de nanas sans aucune difficultés, mais pas elle: Clémentine n'aime pas les blonds, c'est comme ça. Point.

 

Quelques jours plus tard, c'est à son tour d'être en panne de drogue légale, et après une hésitation, «légitime» se dit-elle, de vingt bonnes minutes, Clémentine se décide à aller frapper à la porte du grand blond. Après tout, elle l'a déjà sauvé une fois, il peut bien lui rendre la pareille, rien de suspect à cela. Elle frappe donc, et la porte s'ouvre brutalement sur une grande bringue à la crinière ondulée noire corbeau, avec des yeux à damner un saint, et des jambes plus longue qu'une semaine sans soleil. «Merde, sa meuf» se dit élégamment Clémentine. Une seconde de flottement et puis: «Suis en panne de clope, pourriez pas me dépanner?» accompagné s'un sourire un peu forcé. La brune incendiaire, du tac au tac, en se retournant vers l'intérieur de l'appartement: «Mon chéri! Ta voisine voudrait une cigarette!». Et se replaçant bien en face, avec des yeux couleur noisette immenses à damner les saints donc, plantés dans les siens: «Ou bien autre chose aussi?». «Euh, non non, merci, une cigarette ça ira», réussit à bredouiller tant bien que mal Clémentine, qui commence alors à rougir des pieds à la tête, honteuse de s'être fait piéger comme une collégienne attardée. 

 

Retour au bercail, verrouiller la porte, vérifier que personne ne s'esclaffe à côté, allumer la télé comme si de rien n'était, reprendre son souffle, et le fils de ses pensées, si possible. En reprenant son calme, Clémentine se repasse la scène dans sa tête: «Toc toc, z'auriez pas une clope, non merci...». Pathétique qu'elle se trouve. Et puis soudain un déclic. La damneuse de saints n'habite pas là. Elle a dit «TA» voisine, donc pas la sienne de voisine à elle. Mais elle a vocalisé un «Mon chéri» sans appel aussi. Donc ils sont ensemble, ou amants, ou baiseurs occasionnels, ou même peut-être juste amis, ou c'est sa sœur. Mais le point essentiel est qu'ils n'habitent pas ensemble, c'est toujours ça de gagner, y aura pas à raser les murs de peur de la croiser dans l'escalier ou l'ascenseur chaque matin, chaque heure, chaque seconde. Pas une grosse victoire après la défaite de ce soir, mais c'est quand même quelque chose. Et elle aspire la fumée consolatrice comme si sa vie en dépendait, en exhalant un long soupir de soulagement.

 

 

 

(À suivre...)

 

texte@florencemarthe, juin 2013

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