Ah ça ira, ça ira, ça ira...

Épisode I: "France, lève-toi"

France enrageait intérieurement. Elle regardait le monde et ne pouvait pas s'empêcher d'être en colère, attristée, découragée ou carrément hors d'elle, le tout alternativement.

"Religion, politique..." grognait-elle, "Ça ne cache qu'une seule chose: la soif de pouvoir. 

Et tant qu'on sera assez crétin pour leur donner les pleins pouvoir en votant pour eux: les présidents de la république, les députés, les sénateurs... - ça reviendra à leur dire: "Allez-y maintenant, vous pouvez faire ce que vous voulez, on n'a pas les moyens légaux de vous arrêter si vous faites des conneries de toute façon", et on n'aura pas fini d'en chier."

"Sans rire, le vote au suffrage universel, c'est quand même la plus belle des arnaques de l'histoire... C'est grâce à lui qu'aujourd'hui les grandes corporations et les lobbys de toutes sortes peuvent faire pression sur les "élus". Ils sont là et ils vont pas démissioner, ils tiennent trop à leur drogue quotidienne, à leur raison de vivre, leur unique but: le POUVOIR. Une fois qu'ils l'ont, ils vont pas le lâcher comme ça, ah ça non! Plutôt se corrompre, retourner sa veste, tromper, mentir, abuser, voler, être lâche... mais le pouvoir ça ne se redonne pas comme ça une fois obtenu, ça peut se perdre éventuellement au cours d'autres élections, mais tant que le mandat n'est pas terminé, ça se garde jalousement.

Et qu'on vienne pas me parler de "devoir", de "droit", qu'on ne me dise pas que c'est un "privilège" de pouvoir aller voter, sous prétexte que des peuples en sont privé..."

Ces arguments patriotiques et simplistes faisaient hurler France intérieurement. 

"Le vote n'est PAS un privilège, c'est le moyen par lequel nous nous attachons les mains et nous bandons les yeux, tout seuls, comme des grands, pour ne pas avoir à prendre de décisions en ce qui concerne nos vies de tous les jours... "Que veux-tu qu'on y fasse, c'est la loi", diront les plus lâches. "Il faut supporter, on n'est que des petits" soupireront les plus humbles..." Mais bordel de nom de dieu de merde, c'est vous qui avez rédigé le code pénal qui régit "nos" lois? C'est vous qui les avez voté les lois les plus récentes? C'est vous qui avez fait les propositions de textes de ces mêmes lois, et qui sont censées régler la société dont vous representez, au bas mot, 90%? C'est vous qui avez décidé de la politique agricole commune, de la privatisation des services publics, de l'Europe? On vous a demandé quelque chose à vous, vous qui avez voté bien consciencieusement? Et en parlant de l'Europe, le référendum n'avait pas dit "NON, justement, à cette Europe bancale? Et ils sont pas passé au-dessus de la décision du peuple, peut-être? ils n'ont pas foulé au pieds ce vote qui ne leur convenait pas?"

France s'énervait toute seule, ne comprenait pas ses concitoyens, ses voisins, ni même certains de ses amis, qui continuaient à n'en pas démordre: le droit de vote est une chance merveilleuse, de pays civilisé et libre, et elle ferait mieux de se taire, vu que justement elle ne votait pas", car c'était bien entendu en partie de sa faute si les élus n'étaient pas ceux qu'on attendait (comme s'il n'y avait des abstentionnistes, comme ils disent, que dans le "bon" camps, c'est à dire le leur).  

"Juste pour vous rafrachir la mémoire", ironisait-elle alors, "Qui vous l'a généreusment octroyé, ce droit de vote? Ce serait pas justement ceux (ou leurs prédécesseurs) pour qui vous allez voter aujourd'hui? Et nous les femmes? On nous a donné le droit d'aller voter. Trop généreux, merci not'bon maitre! Vous trouvez pas ça un peu humiliant et condescendant de leur part quand même?????" Vous allez me dire que les femmes ont lutté pour l'avoir, et vous n'aurez pas tort. Mais en réalité le maître a simplement accepté que vous lui renouveliez sa place pour un nouveau tour de manège, parce qu'il savait que cette masse d'électrices toute neuves lui serait ensuite acquise! Et c'est vous qui lui dites merci!!! On vous donne un bout d'os à ronger et vous remerciez sans rechigner, vous respectez, vous adorez comme on adore les idoles!!! Vous attachez vous-même la chaine à vos pieds, avec un énorme boulet au bout, et vous défendez cela en appelant ça un "droit". Non mais je rêve!"

Et elle sorti en claquant la porte.

"Décidément", songeait-elle, "il n'est pas facile de montrer la réalité des choses. Ou, au moins, un autre angle de la réalité. Les trop vieux mensonges passent pour des vérités immuables, et si jamais tu les attaques, tu passes pour une folle au mieux, pour un ennemi à abattre au pire..." 

C'était un de ces moments de profond découragement. Elle avait l'habitude. Elle se servit un grand verre de vin, pour se remonter le moral. Le goût profond du breuvage lui fit du bien à la gorge et partout où il passait. Elle se dit que la bataille était était loind'être finie, qu'il y a vait encore beaucoup de chemin à parcourir, mais qu'elle n'était pas seule: beaucoup d'hommes et de femmes, jeunes ou moins jeunes, et qui pensaient eux aussi comme elle qu'il fallait répandre une autre parole que celle, unique, propagée par les médias et les autorités, étaient disséminés à travers le monde. ils se soutenaient les uns les autres, et leur vision commune du monde les rapprochait et les transformait en un immense coeur qui battait, à l'unisson, et leur force était ce battement continu et régulier. Et ils savaient qu'à la fin, le Respect, la Compassion, et l'Amour triompherait un jour, sur la rapacité, l'amour de l'argent et du pouvoir. 

Elle leva son verre dans lequel le doux liquide prenait des couleurs rubis changeant, envoya une belle pensée au monde à travers lui et sourit doucement...

florence marthe, 14 juillet 2012
photo sponrosisée par une marque de voiture, mais ils ont pas fait exprès.